Nous voici en ce vendredi de la semaine sainte, vendredi de la crucifixion.
La semaine avait commencé par l'accueil de Jésus à Jérusalem, le jour des Rameaux.
Jeudi saint il partageait la cène avec ses disciples dans la chambre haute. Puis les événements se sont précipités. Il a été arrêté puis traîné devant les tribunaux.
Comment comprendre le déroulement des faits ? Comment trouver sens à ce qui semble impossible, invraisemblable ? Comment mettre des mots sur ce qui n'est que chaos ?
Faisons silence en nous mêmes pour , en cette fin de journée nous retrouver devant Dieu en esprit et en vérité ; faisons silence pour faire taire nos agitations et pour nous placer à l'écoute de ce qui se vit comme passion et comme drame dans ces moments intenses de souffrance.
Prions
En ce vendredi saint , jour de la mise à mort de Jésus sur la croix,
nous sommes rendus sensibles à tous les drames qui traversent notre terre.
Nous ne pouvons pas ignorer les souffrances de ceux qui luttent avec la maladie quel que soit le nom de leur maladie . En cette période de pandémie, nous n'oublions pas ceux qui sont touchés gravement par le Covid, tous ceux que ce virus inquiète et angoisse ; Nous ne pouvons pas non plus rester aveugles face aux victimes de l'injustice et de la pauvreté, les affamés, les réfugiés, les exploités.
Que cette souffrance qui monte de la terre et qui peut être nous habite nous aussi, ne nous empêche pas d'entendre ta voix, de nous ouvrir à ta présence, de recevoir ta paix promise.
Fais ta demeure en nous par ton Esprit
Amen
Chant - Ô prends mon âme (44-14 dans le recueil Alléluia)
Oh! Prends mon âme,
Prends-la, Seigneur,
Et que ta flamme Brûle en mon cœur.
Que tout mon être
Vibre pour toi,
Sois seul mon maître,
Ô divin roi.
REFRAIN Source de vie,
De paix, d'amour, Vers toi je crie, La nuit, le jour.
Entends ma plainte, Sois mon soutien Calme ma crainte, Toi, mon seul bien.
Du mal perfide,Oh! Garde-moi, Viens, sois mon guide, Chef de ma foi
Quand la nuit voile Tout à mes yeux,Sois mon étoile,Brille des cieux.
Voici l'aurore D'un jour nouveau,Le ciel se dore De feux plus beaux.
Jésus s'apprête,Pourquoi gémir? Levons nos têtes, Il va venir!
Lecture : Matthieu 27 v 45 à 50
A partir de midi, il y eut des ténèbres sur toute la terre jusqu’à trois heures. Vers trois heures, Jésus s’écria d’une voix forte : « Eli, Eli, lema sabaqthani », c’est-à-dire « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »
Certains de ceux qui étaient là disaient, en l’entendant : « Le voilà qui appelle Elie ! » Aussitôt l’un d’eux courut prendre une éponge qu’il imbiba de vinaigre ; et, la fixant au bout d’un roseau, il lui présenta à boire.
Les autres dirent : « Attends ! Voyons si Elie va venir le sauver. » Mais Jésus, criant de nouveau d’une voix forte, rendit l’esprit.
Message
Il aurait fallu lire, relire ces longs récits des Évangiles qui permettent de suivre pas à pas, Jésus sur le chemin qui le conduit à la croix, qui le conduit à la crucifixion. C'est ce que nous faisons normalement, lors de l'habituelle veillée du Vendredi Saint. Étapes par étapes , épisodes par épisodes, nous percevons alors qu'il devient le rejeté , l'incompris, le bouc émissaire de tous.
Et pourtant, la foule, au dimanche des Rameaux, l'avait accueilli de manière triomphale comme un roi. Mais quel roi était il ? Un roi capable de renverser le pouvoir romain ? Un roi répondant à leurs attentes d'une libération politique ? un roi en mesure de répondre à toutes leurs aspirations en matières de bonheur et de manières de vivre ?
Et aussi rapidement que la foule l'avait accueilli en sauveur, en libérateur, aussi rapidement, elle se retourne contre lui pour l'accuser d'être menteur , trompeur manipulateur.
Et pourtant, Il venait prêcher la paix , enseigner l'amour, partager l'espérance ; par ses paroles et ses actes, il manifestait un royaume de Dieu, qui jamais ne s'impose par la force mais sollicite toujours notre cœur, notre foi. Il révélait l'image d'un Dieu Père, riche en pardon et en miséricorde , désireux de donner à l’être humain la joie et le goût de vivre. Il initiait dans un monde prisonnier de lois et de règles, une nouvelle liberté, conduisant à une vraie fraternité. Il délivrait un message et un enseignement qu'il incarnait lui même et qu'il mettait en actions et en actes.
Mais ce message est trop beau , trop simple, trop dérangeant, trop déroutant, trop bouleversant, trop vrai. Il déstabilise les autorités en place qu'elles soient religieuses, politiques, économiques ; leurs pouvoirs sont menacés.
Alors Jésus devient le danger numéro 1, la menace numéro 1, le rejeté par excellence, l'incompris de tous, car peut être trop bien compris pour les menaces qu'il représente.
Dans ce long chemin qui le mène à la mort , à la croix, peu à peu tous l'abandonnent. Tout d'abord, les siens, ses proches les disciples qui s'endorment voire le renient ; puis la foule versatile et si changeante ; les autorités religieuses de l'époque puis l'autorité romaine représentée par Pilate.
Il est banni, pire que les grands criminels , pire que Barrabas. On le lâche, on l'abandonne , on l'abandonne à son sort et il se trouve seul , profondément seul, livré par tous , livré à lui même , livré à son triste sort.
« Mon Dieu , mon Dieu pourquoi m'as tu abandonné ? » Eli, Eli, lema sabaqthani en araméen ,langue que Jésus parlait. C'est le cri de Jésus sur la croix . Un cri de souffrance et de désarroi. Abandonné de tous, des hommes, de ses proches, il se sent même abandonné par Dieu son Père. Abandon total, entier, synonyme de vide, de vide abyssal.
Comment ne pas entendre dans ce cri de souffrance et de sentiment d'abandon, le cri de tous ceux qui se sentent abandonnés face à la mort, de tous ceux qui se sentent seuls face à l'angoisse de la mort , les malades, les hospitalisés, les souffrants ?
Comment ne pas avoir à l'esprit les situations éprouvantes et difficiles provoquées par cette pandémie du Covid 19, les personnes atteintes gravement, en observation , en réanimation , leurs familles inquiètes ?
Comment ne pas entendre dans ce cri de souffrance, le cri de tous ceux qui sont travaillés par la souffrance qu'elle soit physique, psychique ou moral ? Profond sentiment de solitude même si les équipes soignantes , même si les familles font tout pour les entourer.
Car la souffrance quelle que soit sa nature laisse seul, toujours seul, profondément seul.
Et vient alors cette question qui déchire les cieux et que Jésus lance au visage de Dieu son Père : « Mon Dieu , mon Dieu pourquoi ? » Pourquoi cet abandon ? Pourquoi ce mal ? Pourquoi cette souffrance ? Pourquoi ?
Ces pourquois que l'on retrouve, tout au long de la Bible dans l'expérience d'hommes et de femmes, confrontés au mal, au mal absurde , au malheur, à la maladie, à la souffrance ?
Pourquoi ? Pourquoi moi ? Pourquoi maintenant ?
C'est Job l'homme de foi et de biens qui connaît du jour eu lendemain une succession de malheurs.
C'est Jérémie qui dans ses lamentations exprime son incompréhension et son désarroi.
C’est le croyant d'autrefois qui dans les Psaumes dit sa révolte et sa détresse.
Ces pourquois qui nous traversent, lorsque le mal nous frappe sans raison, lorsque la maladie nous fouette brutalement . Ces pourquois qui rejoignent celui de Jésus sur la croix.
Cette question, ces questions du pourquoi trouvent elles réponse ?
Ne sont elles pas le plus souvent un grand cri qui résonne dans un ciel infini ? Ne sont elles pas des paroles lancées en l'air sans retour , sans écho ? Ne sont elles pas des questions qui nous reviennent sans réponse ? Dieu serait il sourd ? Dieu serait il absent ? Dieu serait il aveugle ? Dieu serait il indifférent ?
Plutôt qu'à nous épuiser à trouver des réponses à des questions sans fin, plutôt que de gaspiller notre énergie en révoltes et revendications sans effet , peut être avons nous à regarder à la croix ?
Jésus crucifié , souffrant , mourant dans la faiblesse et le dénuement , mourant dans et avec amour , lui qui était tout amour , lui encore capable dans un dernier souffle de dire à ses ennemis et à ses persécuteurs : « père pardonne leur car ils ne savent pas ce qu'ils font ».
A la croix, nous découvrons un Dieu puissant dans l'amour et dans le pardon , subissant la souffrance, traversant la souffrance , éprouvant le mal et le malheur. Un Dieu traversant la faiblesse et le dénuement comme nous , comme tous les souffrants de la terre.
Au jour du Vendredi Saint, à la croix, Dieu ne pas donne pas de réponses à tout nos pourquois , aux pourquois de la souffrance , du malheur et de la maladie ; il vient souffrir avec nous, il vient nous assurer de sa présence même dans ces moments là... Il nous rejoint dans notre désarroi pour nous redire que même dans ces traversées éprouvantes, il ne nous abandonne pas.
Dans ces « vallées de l'ombre de la mort » comme dit le psalmiste, il nous accompagne , nous soutient de sa force et de sa fidélité.
Ce moment de pandémie si particulier, nous fait traverser un tunnel dont nous ne voyons pas encore le bout. Ce vendredi saint 2020 si particulier, que nous vivons à distance nous fait communier avec intensité aux souffrances des uns et des autres, celles des malades, des angoissés, des exclus, des fatigués, des déplacés, des oubliés, des abandonnés. Nos souffrances peuvent avoir pour noms, craintes, inquiétude, soucis pour aujourd'hui et pour demain.
Si nous sommes aujourd’hui hantés par ces questions du pourquoi en ce vendredi saint, Dieu ne abandonne pas à notre solitude. Il nous assure de sa présence et nous promet un lendemain.
Amen
Prions
En ce vendredi saint jour de ta crucifixion
Nous venons à toi avec l'esprit et au cœur les souffrances de ce monde
Celles qui sont engendrées par cette pandémie qui se répand sur notre terre.
Celles qui sont provoquées par la cruauté et la méchanceté des humains
Celles qui sont dues à des malheurs inexplicables
Celles que nous ne voyons pas et que nous ne connaissons pas et qui se logent au fond de nous mêmes
Donne aux souffrants, donne à nous mêmes force et courage pour les affronter, les traverser.
Face au mal , tu avais une seule réponse. Trouver la force et l’énergie pour lutter, pour le combattre , pour le vaincre.
Nous te confions tous ceux et toutes celles engagés à des titres divers pour soutenir, soigner, guérir.
Préserve les du découragement et de la lassitude.
Nous te remettons tous ceux et toutes celles qui par leur activités permettent une poursuite de notre vie en société, les visibles comme les invisibles...
Nous nous remettons à toi pour que nous gardions patience et vigilance , que nous soyons seuls ou en famille. Donne nous de faire ce temps d'arrêt de mise à part un temps fructueux pour nous mêmes et pour les autres.
En rassemblant toutes nos prières, nous te disons :
Notre Père
Chant : Jésus le Christ lumière intérieure (61-18 dans le recueil)
Jésus le Christ Lumière intérieure ne laisse pas mes ténèbres me parler
Jésus le Christ Lumière intérieure donne moi d'accueillir ton amour.
Jésus le Christ Lumière intérieure ne laisse pas nos ténèbres me parler
Jésus le Christ Lumière intérieure donne nous d'accueillir ton amour.
Bénédiction
Que la paix de Dieu qui surpasse toute intelligence garde nos cœurs et nos esprits en Jésus Christ.
Restez en paix.
Amen
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