Elle s’appelait Laure et, malgré ses 90 ans passés, était intarissable lorsqu’il s’agissait d’égrener ses souvenirs d’enfance. Une enfance dans le Sud-Vendée, à la lisière de la Charente-Maritime.
C’était une petite fille joyeuse et espiègle, comme tous les enfants de cet âge, une petite fille qui ne laissait certainement pas ses frères faire la loi, même s’ils étaient plus âgés qu’elle. Une petite fille qui a connu les joies d’une vie de famille à la ferme, une vie simple mais riche, l’enfance ne retenant de ces périodes que les bons côtés.
La religion avait toute sa place dans ces milieux ruraux, comme dans beaucoup de familles. A chaque fête religieuse, correspondaient bien souvent des traditions culinaires.
Elle se souvient justement du dimanche des Rameaux, le dimanche qui précède Pâques. Elle n’a pas oublié les pains d’épice que confectionnait le boulanger, des biscuits troués en leur milieu et décorés de dragées sur le dessus. Dans le trou, on y passait un brin de rameau qu’il fallait absolument faire bénir par Monsieur le Curé avant de les manger, sous peine de subir les foudres divines. Ces biscuits s’appelaient des cornuelles.
Le jour de la fête des Rameaux, on assistait donc au village à un défilé de cornuelles ! Elles étaient parfois accrochées au bout d’un long bâton, et une fois qu’elle avaient été bénies, les plus gourmands n’attendaient plus pour les déguster.
Laure n’est plus là mais je lui dédie cette recette en souvenir de cette délicieuse après-midi passée en sa compagnie, instants magiques au cours desquels elle m’a offert tant de souvenirs personnels inestimables, et je l’offre aussi à sa fille, Karine…
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Si on consulte internet, on s’aperçoit que les cornuelles se font principalement en Charente ou Charente-Maritime. Différentes recettes existent : pain d’épice, pâtes feuilletées garnies de crème, mais la plus courante est la version en pâte sablée. En général, les cornuelles sont décorées de petites pépites colorées ou dans certains cas de graines d’anis. Dans tous les cas les cornuelles sont triangulaires, et percées en leur milieu pour y glisser le brin de buis.
Pas de graines d’anis sous la main, ni de dragées et pas envie d’acheter des petits vermicelles sucrés de couleur, n’en ayant pas l’utilité : mes cornuelles seront donc natures, certainement moins belles que chez les boulangers et pâtissiers, mais j’avais envie de vous raconter cette jolie histoire qui met en avant une tradition culinaire comme je les aime.
INGREDIENTS (pour une douzaine de cornuelles)
500 g de farine
200 g de sucre
200 g de beurre ramolli
1 pincée de sel
1 sachet de levure chimique
3 œufs entiers
1 jaune pour la dorure avec une cuillère à soupe de lait
PREPARATION
Versez le sucre dans le bol du robot et le beurre ramolli coupé en petits dés. Ajoutez les œufs et commencez à pétrir sur petite vitesse. Versez la farine et la levure et enfin la pincée de sel (ne pas la faire toucher la levure). Continuez à pétrir jusqu’à obtention d’une pâte homogène, qui se détache du batteur.
Roulez la pâte en boule, farinez-la légèrement, puis laissez-la reposer une heure à température ambiante.
Etalez la pâte et découpez des formes de triangle. A l’aide d’un petit emporte-pièce rond, découpez un trou sur le haut de la pâte.
Mélangez le jaune d’oeuf avec un peu de lait et badigeonnez la pâte à l’aide d’un pinceau.
Mettez sur une plaque allant au four et enfournez th. 7 pendant une quinzaine de minutes, le temps de dorer les biscuits.
Dégustez tiède ou froid, je les adore quand ils sortent du four, encore chauds et croustillants avec un petit thé ou café gourmand.
A noter que ces biscuits ont tendance à durcir quand ils refroidissent. Autrefois, les hommes les trempaient dans le vin, au bistro à la sortie de l’église.
C. W.
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