Vous l'avez peut-être reçue dans vos boîtes mail hier, voici une méditation proposée sur un texte extrait du livre d'Esaïe.
Esaïe 56, 1-8
Ainsi parle le SEIGNEUR : Veillez à l'équité, agissez selon la justice ; car mon salut est près d'arriver, ma justice est sur le point de se dévoiler. Heureux l'homme qui fait cela, l'être humain qui s'y tient, observant le sabbat, pour ne pas le profaner, et gardant sa main de toute action mauvaise !
Que l'étranger qui s'attache au SEIGNEUR ne dise pas : Le SEIGNEUR me séparera de son peuple ! Que l'eunuque ne dise pas : Je suis un arbre sec ! Car voici ce que dit le SEIGNEUR aux eunuques qui observent mes sabbats, qui choisissent ce à quoi je prends plaisir et qui demeurent fermes dans mon alliance :
"Je leur donnerai dans ma maison et dans mes murs un monument et un nom meilleurs que des fils et des filles ; je leur donnerai un nom pour toujours, il ne sera jamais retranché."
Quant aux étrangers qui s'attacheront au SEIGNEUR afin d'officier pour lui, qui aimeront le nom du SEIGNEUR au point de devenir ses serviteurs, tous ceux qui observeront le sabbat en se gardant de le profaner :
"[Ceux] qui demeureront fermes dans mon alliance, je les amènerai dans ma montagne sacrée et je les réjouirai dans ma maison de prière ; leurs holocaustes et leurs sacrifices seront agréés sur mon autel ; car ma maison sera appelée « Maison de prière pour tous les peuples »."
Déclaration du Seigneur DIEU, qui rassemble les bannis d'Israël :
"J'en rassemblerai d'autres avec les siens déjà rassemblés."
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À situation exceptionnelle, réponse exceptionnelle ! Dans ce texte, le peuple juif, de retour à Jérusalem après plusieurs générations d'exil à Babylone, se trouve dans une position inédite et complexe à gérer. Il va lui falloir l’aide de Dieu…
Pourquoi ? Quelle position ? Remontons quelques siècles en arrière… Le peuple juif est un petit peuple et il doit se protéger, protéger son intégrité contre les peuples plus puissants qui l’entourent, dans tout le bassin méditerranéen et jusqu’à la Mésopotamie. Aussi, il a défini clairement les règles de son culte, et la pureté est de mise pour célébrer Dieu : pas d’eunuque, pas d’enfants illégitime, pas d’étranger. Ces règles sont édictées dans le livre du Deutéronome (Deutéronome 23, 2-9), « la deuxième loi » (la première étant celle du Lévitique).
Vient la guerre, inévitable. La soif de pouvoir et de conquête des dirigeants babyloniens pousse jusqu’à l’invasion d’Israël : les Perses entrent en Israël, peuple vaincu, tuent une partie des hommes, violent des femmes, emmènent une grande partie du peuple en esclavage. Sur place, les hommes qui montrent trop d’agressivité, ou ceux qui doivent servir dans des harems, des lieux qui ne rassemblent que des femmes, sont châtrés. Tel est le sort des peuples vaincus. Il n’est pas propre à Israël : c’est le cas de tous les perdants, à cette époque.
Vaille que vaille, le peuple juif maintient ses coutumes. Il vit au sein de celui qui l’a annexé, parfois en montrant une grande résistance face à des entreprises de destruction, comme celle relatée dans le livre biblique d’Esther (et qui a donné naissance à la fête juive de Pourim). Les enfants issus de viols naissent, les hommes devenus eunuques continuent de prier Dieu, les femmes se marient…
Puis vient le jour de la délivrance, de la libération, celui de revenir au pays, reprendre sa vie cultuelle. Oui, mais… Que faire des enfants, qui ne sont pas issus directement du peuple, et devraient être écartés ? Que faire des conjoint⋅e⋅s non juifs ? Que faire des hommes devenus eunuques après les sévices de l’envahisseur ? Ces cas d’exclusion qui devaient rester exceptionnels se révèlent bien trop nombreux pour que la société juive de retour d’exil reprenne un fonctionnement sur les mêmes règles. La voici, notre situation inédite et exceptionnelle !
Alors, que dit Dieu, dans ce texte ? Que propose-t-il ? Il offre, il accueille, il donne une place dans sa maison, dans ses murs, dans sa montagne sacrée, dans sa maison de prière… Il ne laisse pas les eunuques ou les étrangers à la porte. Il bouleverse les règles imposées au regard de la condition physique ou de la naissance.
Quel critère impose-t-il ? Celui de respecter le Sabbat. Autrement dit, de respecter le temps mis à part, pour lui, le Seigneur. Peu importe la condition physique d’une personne, peu importe son origine, si elle respecte le Sabbat, elle aura accès aux espaces sacrés, aux maisons de prière : elle sera considéré comme membre du peuple à part entière. Pas d’exclu⋅e social⋅e dans le peuple de retour d’exil. Tout est à reconstruire, pour la plus grande gloire de Dieu !
Que tirer de ce texte pour nous, aujourd’hui ? La situation exceptionnelle, nous l’avons : nous sommes en pleine lutte pour préserver nos familles, nos entreprises, nos communautés, nos pays. L’ennemi est invisible, mais il est tout aussi meurtrier et indésirable que les Perses d’antan.
Dieu nous donne nos objectifs, notre ligne de conduite : « veillez à l’équité, agissez selon la justice ». Il nous fait une promesse de rassemblement, une promesse de communauté, quelles que soient les particularités que nous pouvons présenter : seul⋅e, jeune ou âgé⋅e, avec des enfants, en couple ou en colocation, en petit groupe urbain ou isolé⋅e à la campagne, avec le téléphone, internet ou le courrier… Nous sommes, nous serons, communauté autour de Dieu qui continue, et qui continuera à nous accueillir.
Prions, veillons à l’équité, agissons selon la justice. Dieu fait alliance avec nous !
Amen.
Arthur Joly
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