jeudi 19 mars 2020

Une mise en quarantaine ! (prédication du 1er mars 2020 par Denis Heller)


Matthieu 4 v 1 à 11 Jésus au désert 
 
Alors Jésus fut emmené par l'Esprit au désert, pour être mis à l'épreuve par le diable. Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim. Le tentateur vint lui dire : Si tu es Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains. Il répondit : Il est écrit : L'être humain ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.  

Le diable l'emmena dans la ville sainte, le plaça sur le haut du temple et lui dit : Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas, car il est écrit : Il donnera à ses anges des ordres à ton sujet, et ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. Jésus lui dit : Il est aussi écrit : Tu ne provoqueras pas le Seigneur, ton Dieu. 

Le diable l'emmena encore sur une montagne très haute, lui montra tous les royaumes du monde et leur gloire, et lui dit : Je te donnerai tout cela si tu tombes à mes pieds pour te prosterner devant moi. Jésus lui dit : Va-t'en, Satan ! Car il est écrit : C'est devant le Seigneur, ton Dieu, que tu te prosterneras, et c'est à lui seul que tu rendras un culte. Alors le diable le laissa, et des anges vinrent le servir.
 
Une mise en quarantaine

Voici le récit d'une mise en quarantaine, d'une mise à l'écart, d'une mise à l'épreuve de Jésus au désert. Une vraie mise en quarantaine de 40 jours et non pas la quarantaine de 14 jours, à laquelle les personnes suspectées d'être atteintes par le Coronavirus sont contraintes. Mise en quarantaine que les Églises Chrétiennes sont invitées en quelque sorte à vivre en cette période de Carême , de 40 jours avant Pâques et qui commence en ce premier dimanche de Carême.


Mais entendons nous bien ! Il ne s'agit pas de se morfondre, ni de se faire souffrir volontairement, ni de se priver, ni de se sacrifier, ni de s'imposer des prescriptions alimentaires ou vestimentaires draconiennes. Ce n'est pas trop du style du protestantisme ! , comme si la souffrance était bénéfique, comme si par nos pratiques nous pouvions faire venir la grâce !

La mise en quarantaine qu'elle soit choisie ou imposée, permet une mise à l'écart, une mise à distance, une coupure avec la vie habituelle. Jésus dans le désert est seul, dans le dénuement et le dépouillement. Moment de vérité et de lutte pour lui. 

Cette mise en quarantaine au désert est pour lui un vrai combat, une véritable épreuve qui le confirme dans sa mission et son identité de Fils de Dieu. Cette mise à l'épreuve le rattache à l'essentiel, à savoir l'attachement à la Parole de Dieu son Père ; elle le détourne des séductions de l'avoir, du pouvoir et de l'illusoire.

En ce sens, le Carême qui nous oriente vers Pâques peut être de l'ordre de ce cheminement intérieur , de cette mise en quarantaine spirituelle. Une quarantaine pour nous aider à voir plus clair sur ce qui nous encombre, nous alourdit inutilement, pour nous faire prendre conscience de ce qui est secondaire et accessoire et nous faire redécouvrir ce qui est essentiel. 

Une mise en quarantaine intérieure, pour nous alléger de fardeaux et de besoins inutiles, de richesses et d'obligations encombrantes, pour ainsi devenir plus libres, plus simples, plus disponibles à l'autre, aux autres, à l’imprévu, à l'urgence, à la présence du prochain. 

Un travail personnel intérieur sous le souffle de l'Esprit Saint qui évite de tout ramener à soi même sans pour autant s'oublier soi-même, qui favorise le désencombrement de soi-même pour l'ouverture à Dieu, aux autres , au partage. 

Jésus dans son parcours au désert est conduit par l'Esprit de Dieu et tenu par sa Parole. Une quarantaine, 40 jours de mise à l'épreuve et de préparation qui seront suivis du début de son ministère, fait de paroles de pardon et d'actes de libération et de guérison. La quarantaine, au sens propre du terme, est souvent imposée pour des raisons sanitaires ; c'est le cas avec l'épidémie du coronavirus.
La période du Carême, que propose les Églises Chrétiennes, sollicite une démarche personnelle et spirituelle choisie, qui vise une quarantaine intérieure ; cela pour nous désencombrer de ce qui nous empêche de vivre une pleine solidarité et fraternité les uns avec les autres. 

Le Carême est ainsi un temps favorable pour prendre conscience de nos richesses et de nos pauvretés, à la lumière des richesses et des pauvretés de ceux qui nous entourent. En ce dimanche d'AG de l'Entraide, prendre un tel chemin, vivre une telle démarche ne peut que nous sensibiliser à l'action de l'Entraide.

Amen

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