Matthieu 4 v 1 à 11 Jésus au
désert
Alors
Jésus fut emmené par l'Esprit au désert, pour être mis à
l'épreuve par le diable. Après
avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim. Le
tentateur vint lui dire : Si tu es Fils de Dieu, ordonne que ces
pierres deviennent des pains. Il
répondit : Il est écrit : L'être humain ne vivra pas de
pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.
Le
diable l'emmena dans la ville sainte, le plaça sur le haut du temple et
lui dit : Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas, car il est
écrit : Il donnera à ses anges des ordres à ton sujet, et ils
te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. Jésus
lui dit : Il est aussi écrit : Tu ne provoqueras pas le
Seigneur, ton Dieu.
Le
diable l'emmena encore sur une montagne très haute, lui montra tous
les royaumes du monde et leur gloire, et
lui dit : Je te donnerai tout cela si tu tombes à mes pieds
pour te prosterner devant moi. Jésus
lui dit : Va-t'en, Satan ! Car il est écrit : C'est
devant le Seigneur, ton Dieu, que tu te prosterneras, et c'est à lui
seul que tu rendras un culte. Alors
le diable le laissa, et des anges vinrent le servir.
Une
mise en quarantaine
Voici le récit d'une
mise en quarantaine, d'une mise à l'écart, d'une mise à l'épreuve
de Jésus au désert. Une vraie mise en quarantaine de 40 jours et
non pas la quarantaine de 14 jours, à laquelle les personnes
suspectées d'être atteintes par le Coronavirus sont contraintes. Mise en quarantaine que
les Églises Chrétiennes sont invitées en quelque sorte à vivre en
cette période de Carême , de 40 jours avant Pâques et qui
commence en ce premier dimanche de Carême.
Mais entendons nous
bien ! Il ne s'agit pas de se morfondre, ni de se faire souffrir
volontairement, ni de se priver, ni de se sacrifier, ni de s'imposer
des prescriptions alimentaires ou vestimentaires draconiennes. Ce
n'est pas trop du style du protestantisme ! , comme si la
souffrance était bénéfique, comme si par nos pratiques nous
pouvions faire venir la grâce !
La mise en quarantaine
qu'elle soit choisie ou imposée, permet une mise à l'écart, une
mise à distance, une coupure avec la vie habituelle. Jésus dans le désert
est seul, dans le dénuement et le dépouillement. Moment de vérité
et de lutte pour lui.
Cette mise en
quarantaine au désert est pour lui un vrai combat, une véritable
épreuve qui le confirme dans sa mission et son identité de Fils de
Dieu. Cette mise à l'épreuve le rattache à l'essentiel, à savoir
l'attachement à la Parole de Dieu son Père ; elle le détourne
des séductions de l'avoir, du pouvoir et de l'illusoire.
En ce sens, le Carême
qui nous oriente vers Pâques peut être de l'ordre de ce cheminement
intérieur , de cette mise en quarantaine spirituelle. Une
quarantaine pour nous aider à voir plus clair sur ce qui nous
encombre, nous alourdit inutilement, pour nous faire prendre
conscience de ce qui est secondaire et accessoire et nous faire
redécouvrir ce qui est essentiel.
Une mise en quarantaine
intérieure, pour nous alléger de fardeaux et de besoins inutiles,
de richesses et d'obligations encombrantes, pour ainsi devenir plus
libres, plus simples, plus disponibles à l'autre, aux autres, à
l’imprévu, à l'urgence, à la présence du prochain.
Un travail personnel
intérieur sous le souffle de l'Esprit Saint qui évite de tout
ramener à soi même sans pour autant s'oublier soi-même, qui
favorise le désencombrement de soi-même pour l'ouverture à Dieu,
aux autres , au partage.
Jésus dans son
parcours au désert est conduit par l'Esprit de Dieu et tenu par sa
Parole. Une quarantaine, 40 jours de mise à l'épreuve et de
préparation qui seront suivis du début de son ministère, fait de
paroles de pardon et d'actes de libération et de guérison. La
quarantaine, au sens propre du terme, est souvent imposée pour des
raisons sanitaires ; c'est le cas avec l'épidémie du
coronavirus.
La période du Carême,
que propose les Églises Chrétiennes, sollicite une démarche
personnelle et spirituelle choisie, qui vise une quarantaine
intérieure ; cela pour nous désencombrer de ce qui nous
empêche de vivre une pleine solidarité et fraternité les uns avec
les autres.
Le Carême est ainsi un
temps favorable pour prendre conscience de nos richesses et de nos
pauvretés, à la lumière des richesses et des pauvretés de ceux
qui nous entourent. En ce dimanche d'AG de
l'Entraide, prendre un tel chemin, vivre une telle démarche ne
peut que nous sensibiliser à l'action de l'Entraide.
Amen
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