Par bien des aspects, la pandémie qui nous assaille, comme les conséquences
et réactions qu'elle entraîne ont beaucoup en commun avec la caricature. Par sa
démesure, par l'exagération de certains détails la caricature produit une image
déformée et grotesque d'un visage ou d'une situation. En même temps, la caricature révèle une réalité plus discrète ou dissimulée.
La Bible n'est pas avare de ces caricatures révélatrices, à l'image de la petite
pierre qui se détache de la montagne et vient briser les pieds d'argile de
l'imposante statue de bronze d'argent et d'or dans le rêve du roi de Babylone
(Daniel 2). Une petite pierre qui vient révéler la fragilité d'un empire puissant et
injuste. Ainsi en est-il de ce virus de moins d'un micromètre qui panique les
humains exposés à leur finitude et met à bas l'économie mondiale. Un virus qui
révèle les égoïsmes nationaux ou individuels, comme l'aberration de l'application
de la loi du marché aux biens publics, la santé, la recherche, l'éducation...
Mais la crise provoquée par ce virus révèle aussi des ressources admirables de
solidarité et d'inventivité mettant en lumière des pistes d'espérance pour le
monde d'après.
Que les révélations de cette crise –qui est bien plus que simplement “sanitaire”–
renouvellent notre intelligence et nourrissent notre réflexion, qu'elles nous
conduisent à des conversions individuelles et collectives, et soutiennent une
espérance lucide et des engagements pour un futur meilleur.
Patrice Rolin
animateur théologique de L'Atelier protestant
30 mars 2020
Dessin de Patrick CHAPPATTE pour le journal Der Spiegel, 27 mars 2020
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